PCSCP
Pour les Chambaran Sauvegardés et les Communs Protégés

8 mars 2013 : Courrier de Mme PISTONE à Jean-Pierre BARBIER, député

par PCSCP Stéphane PERON.
Mis à jour le jeudi 14 mars 2013

Jean Pierre Barbier, député de la septième circonscription, m’incite régulièrment à consulter sur son site ses interventions parlementaires. C’est ce que j’ai fait.
On peut y lire : « Lors de la séance des questions d’actualité au Gouvernement le 26 février 2013, j’ai interpellé le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, sur la politique économique et fiscale du Gouvernement. »
Jean Pierre Barbier, après s’être inquiété des hausses d’impôts, ajoute : « Selon moi, une autre politique est possible. Elle passe par une réduction des dépenses publiques …. »
Voilà la réponse que je lui ai envoyée.

Monsieur,

Vous m’avez invitée, par mail, à prendre connaissance de vos interventions à l’Assemblée Nationale, ce que j’ai fait. Voici quelques réflexions suscitées par votre souhait d’une autre politique économique, politique qui passerait « par une réduction des dépenses publiques ».

Puisque vous vous inquiétez de la politique fiscale du gouvernement, je ne doute pas que vous interveniez - et même protestiez - contre les niches fiscales, en particulier celles qui sont initiées ou soutenues par Gérard Brémond. Ce P-DG de Pierre & Vacances a toujours su jouer de ses relations au parlement, pour faire voter des décrets qui lui sont favorables, décrets d’ailleurs baptisés dans les couloirs de l’assemblée « les amendements Brémond ». Il aura même réussi, l’automne dernier, à convaincre le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, de renoncer jusqu’en 2016 à tailler dans les avantages de la loi Scellier qui devaient se terminer fin 2012.

Le Center Parcs qui risquerait de s’implanter dans les Chambarans, outre les effets désastreux qu’il aurait sur une nature encore particulièrement bien protégée, permettrait surtout aux investisseurs et propriétaires, avec la récupération de la TVA sur le bien acheté et l’exonération partielle de l’impôt sur les bénéfices locatifs, d’engranger de juteux profits. Ces acheteurs, pouvant dépenser des sommes exorbitantes - 235 000 € pour un 54 m² et 372 000 € pour 85 m2 – pour acquérir des cabanes pompeusement dénommées "cottages", seraient également subventionnés à hauteur de 7000 euros par le Conseil général de l’Isère au même titre que les Roybonnais qui investissent dans des gîtes ou chambres d’hôtes. C’est un véritable scandale quand on connaît les difficultés financières du Conseil général. Vallini, son président, préfère privilégier les mesures permettant à Pierre & Vacances de rassurer ses actionnaires plutôt que d’aider les associations, entre autres le Planning familial dont les subventions ont été réduites. Ne parlons pas du prix de vente du terrain, très en dessous des prix du marché, terrain offert à la société Pierre & Vacances, par la commune de Roybon pourtant fortement endettée.

La seule justification de ce projet insensé ce sont les emplois qui seraient ainsi créés.

Quel coût pour ces emplois ? On sait que ce sont des millions d’euros qui seraient offerts par le conseil régional, le conseil départemental, la communauté de communes, la commune de Roybon. Par ailleurs, peut-on feindre d’ignorer le coût des « niches fiscales » : Combien là encore de millions d’euros pour ce projet insensé ?

Quelle sorte d’emplois serait ainsi créée ? Avez-vous lu l’ouvrage de Florence Aubenas : « Le Quai de Ouistreham » pour avoir une idée de l’aliénation qui pèserait sur ces employés, femmes pour la plupart ?

Quelles garanties a-t-on de la survie de ce type de tourisme ? Vous connaissez sans doute les difficultés financières de la société Pierre & Vacances et plus certainement encore le marasme qui pèse sur les classes moyennes, clientes habituelles de ce genre de tourisme. Qui restaurerait le site si, comme on peut le craindre, très rapidement faute de locataires et d’acquéreurs, la nature reprenait ses droits et que les cottages redeviennent des tas de planches ?

Vous dites vouloir « une réduction des dépenses publiques, ». Très bien, alors chiche ! Refusez le Center Parcs ! 

Je vous prie d’agréer mes salutations.

À Roybon le 8 mars 2013, Michelle Pistone


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